jeudi 4 avril 2013

Se faire des amis

Dans le dernier numéro de la revue de mon épicerie (chaque épicerie a sa revue ou son journal, payant ou gratuit, et c'est parfois tout ce que j'ai le temps de lire dans une semaine, avec le supplément Week-end du Guardian), une chroniqueuse écrivait sur les stratégies pour se faire des amis, une fois qu'on est adulte. Déménagée en Écosse avec deux jeunes enfants, l'auteure rapporte une expérience très semblable à la mienne. Comme l'a prouvé la visite de mes trois meilleures, pouvoir compter sur de précieuses amitiés, souvent engagées depuis plusieurs années, c'est essentiel et ça n'a pas de prix. 

Mais que fait-on pour survivre au quotidien dans une ville étrangère ? Comment se faire des connaissances ou des amis avec qui partager ce que la chroniqueuse nomme le "day to day"? Quand on a de jeunes enfants, qu'on vit loin de notre famille et de nos amis, faire la conversation avec d'autres adultes, et qui plus est des adultes qui partagent nos intérêts, ça devient nécessaire. Et ça enlève aussi de la pression sur le conjoint qui devient souvent le seul adulte "parlable" dans un rayon de 5 km...

Après la visite de mes trois meilleures, visite pendant laquelle j'ai eu le sentiment de redevenir moi-même à 100%, j'ai éprouvé la nécessité de faire un effort pour créer des liens, pas nécessairement durables, mais au moins enrichissants. Je me suis rappelée à quel point le petit cercle dont je faisais partie à Oxford m'apportait ma dose d'écoute, de conversation, de partage, de divertissement, d'activités. Je me suis bien ennuyée de toutes les sorties faites avec Sophany, Juliette, Karla, Ève, Sophie, des appels et des courriels échangés avec elles...

Dans ma situation (que je vous résume ici, juste au cas : écrit une thèse le matin et le soir, s'occupe de ses 2 enfants le reste du temps), deux défis supplémentaires se posent à moi : 1) ma maîtrise de la langue anglaise n'est pas "optimale" et 2) je ne sais plus trop qui je suis en dehors de mes enfants et de ma cuisine, compte tenu que ça fait deux ans que je suis avec eux à temps plein (c'est-à-dire sans travailler à l'extérieur).

À ces défis s'ajoute le fait que dans une ville comme ici, grande capitale et centre du monde anglo-saxon de ce côté-ci de l'Atlantique (il faut bien le dire), l'individualisme est à son comble et les contacts humains, suspects.

Donc, comment remédier à tout ça en même temps ? Trouver ce que j'aime, améliorer mon anglais, créer du temps pour moi, pour ça aussi...Pas facile! 


Mes collègues, mes amis, précieux complices du quotidien :
des gens d'une qualité rare avec qui je partage tout et qui savent comment me faire plaisir.
Cette photo prise l'an dernier pour mon anniversaire, dans "mon" cher bureau, au cégep, en est la preuve.
Fin de semaine de filles au Baluchon,
pour rattraper un peu le temps perdu et se créer d'autres magnifiques souvenirs
(septembre 2012)
J'ai réfléchi à tout ça en repensant aux défis semblables qu'avait rencontré mon amie Claudie, lorsqu'elle vivait en France pour sa thèse (je me souviens qu'elle avait alors pris part à une chorale), mon amie Shannon aussi, émigrant de la Californie à Montréal sans parler un mot de français au départ.

Avec JF, on a donc développé un plan stratégique en trois étapes :
1) Me mettre en forme en m'inscrivant à des cours de Zumba, à deux minutes de chez nous, dans un sous-sol d'église donc pas trop cher et pas d'abonnement à un club hors de prix. Après quelques semaines de cette activité (que j'adore même si je ne peux m'empêcher de penser que ce serait TELLEMENT plus amusant avec une amie...), je suis bien motivée à continuer. La prof est très dynamique et sympathique et il y a au moins une autre participante à qui j'ai parlé et qui semble intéressante (elle est maman de 3 garçons en bas âge et habite le quartier). Le groupe qui organise les cours de Zumba tient aussi des soirées de salsa quelques vendredis soirs par mois. Ce n'est pas dit que je n'irai pas explorer ça aussi et renouer avec une vieille passion...

2) Participer à quelques soirées de conversation bilingue organisées par le groupe Franglish, dans un bar très sympa du centre-ville. La formule rappelle un peu celle du "speed dating", la dimension romantique en moins! On parle pendant 14 minutes avec une personne, 7 minutes en français, 7 minutes en anglais, puis on change d'interlocuteur. Ça permet de rencontrer plusieurs personnes, de découvrir des gens et des intérêts différents pour le français. Comme j'aime rencontrer de nouvelles personnes, même si ce n'est que pour quelques minutes, et aider quelqu'un à améliorer sa maitrise de la langue française, cette activité me plait beaucoup. J'ai l'impression de renouer un peu avec ma fibre enseignante. En plus, je me fais dire à chaque fois que mon anglais est très bon et que mon parcours est passionnant (!?) donc c'est valorisant!

3) Donner un peu de place à mon amour de la littérature, dans une version plus légère que l'écriture de ma thèse, en participant à un club de lecture organisé par une petite librairie de mon quartier. L'activité a lieu une fois par mois, je compte y aller le mois prochain. Je pense qu'à mon âge, avec mon style de vie (c'est-à-dire sans travail) les clubs sont d'une certaine façon inévitable pour socialiser, une fois qu'on a (re)trouvé ce qu'on aime. Dans le même esprit, je suis aussi devenue "Amie" du Phoenix, le cinéma répertoire de mon quartier (une des plus vieilles salles de cinéma de la ville, d'ailleurs) qui présente des nouveautés françaises et étrangères, des classiques et qui a aussi un ciné-club pour enfants avec une programmation vraiment intéressante. C'est là que j'ai vu Mon voisin Totoro avec Jean-Léon.

Pour le reste, il y a les mamans du pre-school que je commence à connaître un peu plus, les éducatrices de la garderie Aurèle qui sont toutes charmantes et sympathiques, le livreur de mon épicerie toujours très affable et prêt à jaser un brin...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire